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3 novembre 2012 6 03 /11 /novembre /2012 04:34




 



" Onze heures cinq, le Boeing 777-200 de la compagnie Air Austral se pose en souplesse sur la piste de l’aéroport
calédonien de la Tontouta au grand soulagement de Louis qui n’en peut plus. Trente heures de vol, trente fois il a cru mourir. Il est démoralisé à l’idée de décoller à nouveau le lendemain pour
la plus grande des îles Loyauté, Lifou.


Les parisiens descendent la rampe de l’escalier qui mène au tarmac. Premières sensations, la chaleur et l’humidité.
Elles sont saisissantes. Un sauna en plein air. En février, c’est l’été austral. Hier -5, aujourd’hui 40. Choc thermique. Louis a l’allure d’un inuit défraîchi sous les Tropiques. La sueur suinte
par tous ses pores dilatés. Les corps se liquéfient. En quelques secondes, les chemises sont trempées. Les rétines se rétrécissent illico sous l’effet de la lumière vive. Dégoulinants, ils
s’acheminent lourdement vers les postes de contrôle de la Police de l’Air et des Frontières.


La sortie des passagers s’effectue au rythme de la récupération des bagages. Au compte-gouttes. Les parisiens se
sentent comme des stars sur le célèbre tapis rouge du festival de Cannes, lorsque, les valises à la main, ils suivent le couloir balisé de barrières métalliques derrière lesquelles une foule
s’impatiente. Premier contact avec la population locale. Des visages noirs, blancs ou métissés scrutent les voyageurs, le parent, l’ami attendu.


Eux, personne ne les attend.


Ils embarquent dans un minibus à destination de Nouméa. La Route Territoriale 1
file à travers la savane à niaoulis. Lucas prend au passage des clichés de ces arbres aux troncs argentés qui colonisent les pentes douces des collines. Les stations, fermes d’élevage, sont
dispersées dans ces grands espaces. C’est le pays des stockmen. En connaisseur, Louis jauge et admire les bovins à la robe brune ou blonde qui paissent dans les graminées jaunies par le soleil.
En un clin d’œil, limousins et charolais sont dépecés, désossés, filets, steaks et rôtis tirés.


La navette franchit le col de La Pirogue au dire du conducteur. Joli nom qui sonne exotique à leurs oreilles. Mais
c’est plutôt des gros 4X4 qu’ils croisent de plus en plus souvent, au fur et à mesure que la campagne laisse place à l’urbanisation, aux lotissements en tout genre.


Péage de la savexpress, dernière ligne droite avant Nouméa. Ils y entrent en
longeant la zone industrielle de Ducos et ce n’est pas folichon. Grandes enseignes commerciales, panneaux publicitaires à gogo, échangeurs routiers, usines diverses. Kronenbourg, Coca-Cola.
Monstrueux réservoirs de fuel, amoncellements grisâtres de scorie. Et, dans toute sa grandeur, à l’entrée de la ville, la fonderie de minerai. La Société Le Nickel déploie son enchevêtrement de
ferraille, et ses hauts fourneaux fumants. Exhalaisons rougeâtres dans le ciel bleu azur.


Bouquet final de containers, de grues, de cargos du port autonome auquel succède la gare maritime. Le Pacific
Dawn est amarré là. Christine, fleur bleue, se prend à rêver d’une traversée en mer avec son amoureux sur le magnifique paquebot australien qui déverse ses croisiéristes dans la ville. Le
voilier de Thibault est une coquille de noix de neuf mètres."


                                          
Swing à Lifou, chapitre 1, première partie 
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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 23:45

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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 23:04

Cliché 2012-01-03 09-11-41

VALEURS MUTUALISTES n° 275 vient de paraître. Avec plus de 1,8 millions d'exemplaires, cette revue est numéro 1 de la presse spécialisée et le lien privilégié entre les adhérents et leur mutuelle. Autant dire qu'avoir un  article sur "Swing à Lifou"  publié dans la rubrique "Talents des lecteurs" n'était pas gagné ! Mon espoir s'est concrétisé et cette fabuleuse promotion marque un excellent début d'année pour l'enthousiaste artiste en écriture que je suis ! Un grand merci au comité de lecture qui a selectionné mon roman parmi tant d'autres et su reconnaître l'intérêt littéraire et culturel de Swing à Lifou.

 

Cliche-2012-01-03-09-00-44.jpg

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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 00:00

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Ce passage de "Swing à Lifou" m'a été inspiré par le témoignage d'un monsieur de Lifou. Il m'avait raconté qu'à l'âge de dix ans, il s'était perdu dans la forêt avec ses parents et qu'ils avaient dû bivouaquer. En pleine nuit, réveillé par des bruissements continus, il avait vu les arbres se déplacer. Les esprits de la forêt s'animaient pour lui faire une révélation. 

"Louis, allongé sur le côté, bien calé sur un épais matelas de feuilles, sent contre son dos le corps endormi de Lucas, le mouvement calme de sa respiration. Il entend le souffle long et profond des trois autres. Le feu couve doucement sous la cendre. Sa bouche pâteuse lui rappelle les racines gorgées d’eau que Capenehe lui a données à mâcher la veille pour calmer sa soif. Sa main tâtonne dans le noir et finit par en trouver une qu’il porte à sa bouche. Le liquide coule entre ses dents, enveloppe sa langue de sa saveur légèrement âcre. Heureusement, avec la nuit, l’air s’est attiédi atténuant son envie de boire. Une légère brise apporte même par vagues une fraîcheur bienfaisante qu’il savoure. L’esprit cotonneux, à mi-chemin entre le monde réel et le pays des songes, Louis se sent étrangement bien dans ce souffle qui fait chanter le feuillage et danser les ombres. On dirait que la forêt respire.

Le sol palpite soudain, frémit tandis que Louis sent un bref instant son corps flotter sur la terre. Une racine s’en extrait déchirant le sol de ses griffes. Puis une autre, et une autre encore. Elles s’ébrouent, émiettant les pierres autour d’elles. Leurs corps noueux se tordent, ondulent et rampent entre les troncs noirs qui chancellent comme de grands traits qu’une main tremblante aurait tracés à l’encre de Chine. Les hautes silhouettes courbent leurs longues échines et vont balayer le sol de leurs chevelures brunes dans un froissement léger de papier soie. Elles redressent lentement leurs têtes ébouriffées, vacillent puis emportées par le fourmillement de leurs radicelles, elles s’ébranlent, se glissent entre les roches à pas furtifs, sur la pointe de leurs innombrables griffes, contournent la masse sombre de la pierre dressée.

Ce sont ces ombres entremêlées que Louis voit s’évanouir dans les voiles de la nuit."

      Swing à Lifou, extrait du chapitre X de la deuxième partie

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22 octobre 2011 6 22 /10 /octobre /2011 07:12

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Article paru dans Les Infos du 21 octobre 2011.

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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 14:06

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Lien (cliquez sur l'image) vers l'émission GWEBA du 11 octobre sur Nouvelle-Calédonie 1ère,

présentée par Martine Nollet.

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1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 05:12

9add47aeba659a26ef90153242f33aa0.jpg"C’est au milieu de cette remarquable agitation que Pierre et Christine arrivent tranquillement main dans la main. Elle est resplendissante dans sa robe à fleurs. Un vrai bouquet de printemps.

En les voyant ainsi unis, son père et ses amis croient que dans la terrible inquiétude où leur disparition l’avait plongée, elle avait trouvé en Pierre un ardent consolateur. Mais ce n’est pas du tout ce qui s’était passé. Leur amour s’était déclaré d’une façon totalement étrange au dispensaire, le jour où Christine avait eu sa crise d’hystérie.

Ce jour-là, Pierre attendait son tour chez le dentiste. Toute la face gauche de son visage était atrocement enflée. Son œil disparaissait sous ses paupières boursouflées, une chique énorme gonflait sa joue et tordait vilainement la commissure de ses lèvres. Il était assis, l’esprit embrumé par une horrible rage de dents et regardait un cochon égaré traverser le hall. A ce moment précis, rien ne pouvait plus le surprendre, pas même la formidable entrée de Christine, le visage ravagé par l’insolite chorégraphie de ses muscles faciaux et le corps déstructuré, agité de soubresauts compulsifs.

Dès qu’il aperçut Christine ou plutôt ses gros seins hystériques refusant de se laisser border dans leur balconnet, ses larges hanches supportant un ventre dilaté et d’opulentes fesses trémulantes, il eut sous les yeux l’apparition d’une déesse de la fécondité. Cette difformité faisait écho à la sienne. Leurs monstruosités se neutralisaient. Pierre dut à son asymétrie faciale son coup de foudre pour Christine.

Christine de son côté, tétanisée par sa crise de nerf, s’accrocha à l’image éléphantesque que lui renvoyait Pierre comme un petit animal égaré et désespéré qui retrouvait enfin son congénère. Son petit cœur venait de palpiter d’une façon délicieuse. Dans leur difformité respective, ils s’étaient reconnus comme des âmes sœurs.

Le dentiste appela Pierre. Le docteur appela Christine. Cette première séparation fut un déchirement. Le dentiste soigna Pierre. Le docteur causa une grande frayeur à Christine. C’était un grand noir habillé d’un boubou blanc. Il était sénégalais. Mais ce n’est ni sa couleur ni sa taille qui effrayèrent Christine. Ce fut son diagnostic. Après l’avoir vaguement auscultée et à peine questionnée, il déclara qu’elle était atteinte d’une maladie neurologique très grave, la Danse de Saint Guy. Il avait déjà soigné une patiente qui présentait les mêmes symptômes. Tout au moins, il avait essayé car la patiente était décédée. Christine eut très peur surtout qu’elle venait enfin de trouver l’homme de sa vie.

Paradoxalement, ce fut cette grande frayeur qui guérit Christine. Cette déclaration lui fit l’effet d’un coup de massue qui lui remit les idées en place. Dans un sursaut désespéré, elle s’accrocha à la raison et retrouva ses esprits. Elle se convainquit que le docteur divaguait. Peut-être était-il ivre ? Aussitôt, tout son corps se débloqua. Ses yeux exécutèrent un savant déchassé, ses joues cessèrent leurs flicflacs, son nez lâcha l’arabesque et sa bouche se fendit d’un large sourire. Elle sortit donc du cabinet totalement rétablie et tout le monde attribua cette guérison miraculeuse au docteur. Elle retrouva Pierre, guéri lui aussi, et ils partirent main dans la main. Elle était resplendissante dans sa robe à fleurs. Un vrai bouquet de printemps.

Dès que Gégé voit le couple, il comprend que dans cet étonnant festival de fausses notes qu’est devenue leur vie, une nouvelle partition vient d’être écrite et qu’elle va se jouer en gamme majeure. L’homme qui s’accroche à la main de sa fille est la clé de sa destinée."

          Sylvie BAILLE, Swing à Lifou

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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 01:25

 

Musiques-fusionnelles.jpg

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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 09:26

Cliche-2011-09-18-18-25-17.jpg

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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 01:44
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